Navigation
Close
Advanced search

Find sounds tagged with:

Use commas (,) to separate multiple keywords (Example : Ambiance, Monster, Demonstration march)
Narrow down your results:

Portrait de Claude Langlois

par Caroline Fontaine

Ses débuts au cinéma

Claude Langlois naît à Saint-Jean-sur-le-Richelieu le 2 août 1949. En 2021, il fêtera ses 50 ans de carrière dans le monde du cinéma québécois. Aîné d’une famille de cinq enfants, il apprend jeune à vivre entouré de femmes, lui qui a quatre sœurs. Ses débuts se déroulent au privé, alors qu’il est assistant-monteur à l’image. Il apprend le métier « sur le tas, car il n’y a pas d’école de cinéma à l’époque au Canada ». Il a par la suite la chance de voir un poste de monteur junior s’ouvrir à l’Office National du Film. Il rencontre le producteur Lucien Marleau qui le prend sous son aile. Quand la formation en cinéma voit le jour à l’Université de Montréal, Claude lui confie qu’il devrait aller s’inscrire, mais Marleau lui répond : « T’as pas besoin, c’est moi qui donne les cours et la meilleure école est ici, à l’ONF. »

Sa carrière à l’ONF

Il travaille aussi beaucoup en post-synchro et, reconnu pour son talent, il en fait sa spécialité. Il travaille donc autant l’image que le son, balançant entre les deux, au fil des projets. En 1979, il effectue le montage sonore de son premier long métrage, Mourir à tue-tête d’Anne-Claire Poirier. C’est à ce moment que se dessine davantage son destin professionnel. Il sera le « gars du son ». Cette expérience est marquante pour lui, il travaille de concert avec la réalisatrice et consolide son amour pour l’habillage sonore.

Il bosse à l’ONF comme éternel pigiste, autant du côté de la fiction que du documentaire. Cela fait partie des avantages de son travail qu’il aime, car il « change souvent d’univers ». Quand on lui demande s’il préfère le documentaire à la fiction, il ne sait quoi répondre, avouant que chaque projet comporte son lot de défis.

L’aventure des contes pour tous

Dans son parcours professionnel, une grande place est occupée par les Contes pour tous de Rock Demers. Pas étonnant, puisqu’il a réalisé la conception sonore de douze des contes pour tous, dont La Guerre des tuques, Bach et Bottines, La Grenouille et la baleine et La Championne. C’est avec une grande fierté qu’il affirme que cela aura été « une belle grande aventure ». Le premier de la série, véritable culte pour plusieurs jeunes et moins jeunes, est La Guerre des tuques d’André Melançon avec qui il développe une belle collaboration. Claude Langlois affirme que dès les débuts du projet, il sentait qu’il participait à quelque chose d’important. Il s’agit d’abord du premier film produit par de Rock Demer à une époque où le cinéma québécois éprouve de la difficulté à rencontrer son public. À ce jour, ce projet demeure sa plus grande fierté. Il représente pourtant de grands défis en ce qui concerne le son. En effet, plusieurs bruitages sont faits dans un studio où de la neige est livrée et étalée. Le monteur sonore raconte qu’ils ont « même créé une piste de ski pour recréer l’ambiance sonore » de ce film chouchou des Québécois.

©photo Geoffroy Gosselin
De gauche à droite Claude Langlois, Bernard Gosselin réalisateur à l’ONF et à droite Robert Marcel Lepage musicien et compositeur.
Session de travail sur “L’arche de verre” un documentaire sur la construction du Biodôme en 1994. Au studio “Picolo”.

©photo François Pesant

Quand le gars du son rencontre la fille du son

C’est dans les années 1990 à l’ONF qu’il rencontre Mélanie Gauthier, alors en charge d’effectuer la transition des salles de montage vers le numérique. À l’époque, ils travaillent ensemble à adapter la méthodologie de travail dans ce passage du film au numérique. Toutes les étapes sont revues : la numérisation du projet, le montage, l’accès à la librairie sonore de l’ONF sur le serveur et le mixage au théâtre, car la salle de mixage est en fait une véritable salle de cinéma. Mélanie et Claude travaillent bien ensemble. Elle apprend beaucoup, alors qu’il accepte qu’elle le regarde travailler. Par la suite, bien que leurs projets respectifs les séparent, les deux travailleurs du son gardent contact, heureux d’avoir des nouvelles un de l’autre. Ce n’est qu’en 2014 que leurs destins se recroisent. Claude contacte Mélanie pour travailler avec lui sur un film de Patricio Henriquez, Ouïghours, prisonniers de l’absurde, qui a d’ailleurs gagné le Jutra (Iris) du meilleur film documentaire.

Claude s’en souvient encore très bien, du 7 juillet 2014. Il s’agit de la date du début de l’aventure avec la librairie. Mélanie voulait jeter ses ambiances récoltées, mais lui, qui avait « toujours voulu faire ça », a embarqué dans ce projet fou. Mélanie entame donc le projet de numérisation et l’identification de sa sonothèque qui deviendra la librairie sonore. Claude Langlois est son premier, et plus grand, collaborateur. Mélanie le qualifie d’ailleurs de « réel connaisseur, vraiment doué pour l’identification, poétique même, des ambiances ». Claude voyage avec les sons de Mélanie et de ses « fournisseurs ». En plus de nettoyer, d’identifier et de transformer les pistes, il effectue beaucoup de recherches afin de comprendre d’où l’ambiance provient exactement. C’est lui qui écoute les preneurs de sons lui chuchoter leur entrée dans un temple d’une ville inconnue. Il avoue être un grand utilisateur de google earth pour compléter ses recherches. Le voilà donc grand voyageur, malgré le confinement.

C’est une immense carrière qui sera fêtée l’année prochaine, celle d’un homme témoin, poète des sons, qui a toujours écouté son cinéma québécois et entendu son cœur battre. On vous souhaite encore beaucoup de santé, Claude Langlois, pour continuer à vous entendre raconter vos anecdotes, là où votre rire est le plus beau des sons qui fusent.

En admiration devant…

Claude Langlois admire particulièrement le travail de quelques femmes : son ancienne assistante Myriam Poirier, la preneuse de son Diane Carrière de qui les sons sur lesquels il travaille pour la librairie en ce moment proviennent et Catherine Van Der Donckt. Leur travail est d’une grande qualité.

Truc de pro

« Il faut écouter pour mieux entendre », affirme Claude Langlois qui a d’ailleurs été enseignant à l’Institut nationale de l’image et du son. Il amenait ses étudiants au Jardin botanique de Montréal où il leur demandait de se promener les yeux bandés afin de travailler l’oreille. Quand les autres sens sont moins sollicités, l’ouïe se développe et son acuité augmente, qualité nécessaire pour un travailleur du son.